samedi, 25 avril 2020 11:44

Bougez - Restez confinés by Marina

Confinement J+ ???

Je ne sais pas à quel jour de confinement nous sommes, je ne les compte pas, mais je le vis comme tout le monde et mon rythme quotidien n'a pas changé.

Mon métier d'infirmière libérale fait que je suis toujours en activité et je ne m'en plains pas.

Après une chasse aux masques, à la solution hydro alcoolique, aux gants, aux sur-blouses etc.… etc... (Dont la plupart sont des dons de patients !! oui oui des dons de particuliers) la pharmacie nous fournit en masques à hauteur de 18 par semaine. Il faut bien les rentabiliser car 18 ce n’est pas énorme, mais c'est mieux que rien…

Donc après cette chasse de Pâques bien particulière, je me trouve chanceuse de faire ce métier.

Je le suis tout autant en me levant tous les matins pour aller travailler. Mes filles âgées de 3 et 6 ans sont également levées comme d'habitude pour aller chez la nounou.  Une nounou exceptionnelle ! Elle ne m'a jamais lâchée malgré mon métier et le risque de pouvoir être en contact avec le COVID-19, le transmettre à ma famille sans le vouloir et que mes filles ou même moi je lui transmette aussi. Beaucoup pensent que c'est un peu une roulette russe mais ça ne l'est pas si tous les gestes de protections sont respectés. Et tout se passe pour le mieux, pas de cas de COVID-19 chez moi ni dans mon secteur de travail.

On pourrait penser la chance…

Certes, mais dans notre campagne si agréable il y a un autre syndrome à gérer et pas des moindres : celui de l'isolement des personnes âgées confinées chez elles. Une vraie souffrance morale pour une grande partie de nos aînés et c'est tout aussi douloureux de les voir tristes, en manque de leurs familles, de leurs loisirs, des séances de jeux de société entre copines de longue date. Oui ils comprennent tout à fait le pourquoi de la situation mais la solitude n'en reste pas moins pesante.

Je suis donc encore plus heureuse de passer du temps avec eux, la perte d'activité consécutive à l'arrêt des interventions chirurgicales des hôpitaux et cliniques et la baisse des consultations consécutives au confinement chez nos médecins ruraux, nous laissant énormément de temps libre ... peut-être trop si on parle financièrement mais c'est un passage et je sais que l'activité reprendra sûrement sur un rythme soutenu dans quelques semaines. Bref je m'écarte car pour moi l'aspect financier n'est clairement pas ma préoccupation et du coup je passe du temps à faire des choses que je ne faisais parfois plus par manque de temps : un bol dans un micro-onde ici ; une page de mots fléchés par là ; des mots rassurants ici, du soutien pour les personnes vivant difficilement ce confinement, des ordonnances et médicaments récupérés, un mot à transmettre au voisin de Mme X.

Plein de petites choses, de petits riens pour moi, mais qui ont leur importance pour mes patients. Et ça fait du bien d'avoir du temps pour eux !!

Il y a aussi les paroles désagréables de certains patients qui nous reprennent sans cesse sur nos gestes par peur qu'on les contamine… Il faut rester patient parfois, très, très patient mais les mauvaises paroles vont parfois tellement loin qu'une remise dans le droit chemin du respect s'impose...

J'aime mon métier, je ne me vois pas faire autre chose, j'aime les gens, j'aime ce contact, j'aime les voir sourire.

Mais mon métier n'est pas toute ma vie car quand je termine ma journée de travail ou ma matinée selon le planning j'ai mes deux choupettes à m'occuper.

Avec ma plus grande il y a les devoirs alors je commence mon second métier improvisé depuis plusieurs semaines… Je ne me nommerai pas maîtresse d'école car on ne s'improvise pas enseignante mais chaque jour j'organise la journée du lendemain pour que Léa puisse faire ses devoirs.

Le matin chez la nounou elle fait du travail autonome, elle a son programme, l'après-midi on fait ensemble les exercices plus complexes ou les nouveaux apprentissages. Et quand je travaille toute la journée, je récupère Léa sur ma coupure pour continuer les devoirs et elle repart chez la nounou ensuite… Les journées sont longues malgré tout.

Pour ma plus jeune c'est parfois difficile aussi car je suis au boulot, puis je m'occupe des devoirs, et elle dans tout ça ... elle attend d'avoir sa part d'attention. Alors je m'organise pour qu'aucune des deux ne se sente mise à l'écart et cela fonctionne très bien jusqu'à maintenant.

Et après ? Après je ne sais pas ce que ça va donner, je suis dans le flou comme tout le monde. Les tests au COVID-19 ? Seront-ils faits à domicile ? Quelle fréquence ? Qui ? Et si les cas explosent au déconfinement ? Tout autant de questions sans réponses.

Ma grande angoisse était de devoir intervenir chez des patients positifs et de contaminer nos patients sains, nos patients fragiles, nos patients âgés... Ça reste une crainte toujours d'actualité mais on ne peut rien prévoir pour le moment alors chaque jour suffit sa peine.

Aujourd'hui tout s'est bien passé pour notre secteur briouxais. Je souhaite juste que ça continue.

Après le déconfinement une chose est certaine, je ne passerai plus autant de temps qu'avant à courir partout pour des futilités. Cela a permis pour ma part de me recentrer sur des choses simples et surtout après le déconfinement je veux passer beaucoup plus de temps avec ma famille.

Dédicace à mes parents, mon frère, ma sœur et mon grand-père qui me manquent énormément : j'ai beau être adulte aujourd'hui je voudrais juste un gros câlin de ma famille.